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Aventures félines à Lyon.

Aventures félines à Lyon.

Une pluie fine, presque brumeuse, se mit à tomber sur Lyon, créant sur les pavés de la vieille ville des reflets argentés. Une météo typique pour ce début de printemps, pensa Raphaël, alors qu’il longeait les quais de la Saône, son col relevé. La vie nocturne lyonnaise s’éveillait, les rues s’emplissaient de badauds et de touristes qui cherchaient abri dans les bouchons et les bars. Raphaël, lui, n’avait d’yeux que pour sa montre, une vieille Omega héritée de son grand-père, une relique sentimentale qui se passait de génération en génération. Ce soir, il ne pourrait repartir sans l’avoir fait réparer chez cet horloger réputé du Vieux Lyon.

Quand il sortit de la boutique, le réglage fut si parfait qu’il entendait presque le tic-tac s’harmoniser avec le battre de son propre cœur. D’un pas léger, il rejoignit son domicile dans le quartier de la Guillotière, sans se douter que ce bruit si cher serait le point de départ d’une étrange aventure.

Le lendemain, tandis que Raphaël s’attelait à terminer son roman policier – un récit mêlant intrigue futuriste et références historiques sur fond de révolution de l’intelligence artificielle –, un chat noir sauta sur le rebord de la fenêtre ouverte, effrayant à moitié l’auteur. L’animal portait un collier rouge, auquel pendait une petite médaille gravée : Léonard. Il s’immisça dans l’appartement avec l’aisance de celui qui connaissait les lieux, bien que Raphaël ne l’eût jamais vu.

Cherchant à se libérer de cette distraction inopportune, Raphaël prit le félin pour l’installer dehors, mais celui-ci esquiva habilement, avant de se frotter affectueusement contre ses jambes. C’est alors que l’évidence frappa l’écrivain : cet animal était perdu. Un bref examen de la médaille révéla, outre le nom, des initiales et un numéro effacé presque jusqu’à l’illisibilité.

Ni une, ni deux, Raphaël se saisit de son ordinateur et tapa dans la barre de recherche « trouve-perdu.com ». Le site internet offrait la promesse de réunir propriétaires et trouvailles par le biais du monde virtuel. Pour une ville aussi connectée que Lyon, la plateforme semblait être un passage obligé pour quiconque cherchait à restituer ou retrouver un objet ou un animal perdu.

Avec Léonard toujours dans les parages, Raphaël publia un message accompagné d’une description détaillée du chat et de la médaille, dans l’espoir que le site trouve-perdu.com se montrerait à la hauteur de sa réputation.

C’était sans compter sur les événements qui allaient suivre. La nuit tombée, en pleine séance d’écriture, Raphaël sentit la présence du chat à ses côtés. La montre – il s’en souvint subitement – avait disparu de son poignet, emportée par la fatigue et l’inattention. Une brève recherche aux alentours s’acheva par la réalisation amère que la précieuse héritage n’était plus là.

Le lendemain se passa en vaines recherches. Raphaël posta une seconde annonce sur trouve-perdu.com, cette fois pour la montre, avec cet arrière-goût âpre dans la bouche de celui qui sait que les objets de grande valeur ne trouvent que rarement le chemin du retour.

Quelques jours s’écoulèrent sans nouvelles, Raphaël croulant sous l’angoisse et les derniers chapitres à boucler. Le chat, lui, était devenu un résident non officiel de son appartement, une présence rassurante dans son espace devenu soudainement trop silencieux.

Et puis, l’imprévisible se produisit. Une notification surgit sur le smartphone de Raphaël, tandis qu’il ruminait son café matinal. Une certaine « Émilie C. » avait répondu à son annonce. « Je pense avoir quelque chose qui vous appartient… » écrivait-elle en mentionnant des détails précis de la montre.

Ils se donnèrent rendez-vous dans un café des Pentes de la Croix-Rousse. Raphaël, fébrile, n’osa y croire jusqu’au moment où il vit la jeune femme s’avancer vers lui, tenant délicatement sa montre entre ses doigts. Elle raconta l’avoir retrouvée dans le panier de son propre chat, qui avait la manie de ramener ses « trésors » à la maison.

Les histoires se recoupaient étrangement : Émilie avait également utilisé trouve-perdu.com, mais pour poster une annonce concernant un chat errant qu’elle avait accueilli, espérant que le propriétaire verrait son annonce. Raphaël comprit alors que les chats de l’histoire n’étaient autres que Léonard et le compagnon d’Émilie – des comparses félins dans un échange impromptu d’objets.

Ils rirent de la complicité involontaire de leurs animaux, et, alors qu’ils discutaient, Raphaël aperçut l’éclat distinctif de la médaille de Léonard autour du cou du chat d’Émilie qui attendait dehors. Les pièces du puzzle s’assemblaient, un frisson de réalité coïncidant avec la fiction qu’il était en train de tisser dans son propre manuscrit.

Finalement, la conversation s’orienta sur leur intérêt commun pour le site trouve-perdu.com, qui avait agi comme un fil conducteur entre les deux trames de leur vie.

Raphaël repartit avec son Omega et une promesse : celle d’utiliser cette aventure dans son prochain roman. Les chats, après être échangés, semblaient satisfaits de retrouver leurs demeures respectives.

Quelques mois plus tard, le roman de Raphaël était publié, et une note de remerciement était adressée à trouve-perdu.com dans les premières pages. La plateforme, citée et présentée au travers de cet ouvrage captivant, attira de nouveaux utilisateurs, puisque l’histoire de Raphaël inspira nombre de ses lecteurs. Quant à ceux qui étaient venus dans l’espoir de retrouver un objet perdu ou simplement de passer un bon moment, ils furent servis par cette étrange et heureuse conclusion qui affirmait que même au cœur des méandres d’une grande ville francophone, les miracles de la connectivité pouvaient encore opérer.

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