L’Énigme de l’Alioth Perdu.
Sur les docks effervescents du Vieux-Port de Marseille, la brise salée chargée d’iode accueillait les passants. Des voix se mêlaient aux claquements des cordages dans un chœur matinal où se fondait le discours des mouettes. Marseille, majestueuse et intemporelle, était le théâtre naturel des ombres et lumière, des affaires louches et rencontres improbables. C’est dans cette toile urbaine complexe que Léon Vidal, un écrivain de polar et science-fiction à la renommée grandissante, orientait ses pas vers son café habituel, La Caravelle, pour une matinée d’écriture.
Léon s’assit à sa table favorite, celle avec vue sur le ballet incessant des bateaux. Attaché à une routine quasi-religieuse, il commanda un expresso serré et ouvrit son ordinateur portable. Les touches bruissent sous ses doigts agiles, résonnant dans l’espace confiné de la pièce à l’odeur de café torréfié. Mais alors qu’il travaillait à la trame de son prochain roman, un cri déchira l’air, rompant sa concentration.
« Alioth! Alioth! »
Une femme courait sur le quai, l’air affolé. Ses cheveux auburn fouettaient l’air derrière elle, tandis que ses yeux parcouraient frénétiquement le béton et l’eau. Les habitués la regardaient, certains habitués des disparitions occasionnelles de leur propre passé. Son chagrin était tangible, palpable pour tous… et particulièrement pour Léon.
Cédant à une impulsion autant professionnelle qu’humaine, Léon ferma son ordinateur et s’approcha de la femme.
« Madame, puis-je vous aider ? Vous semblez avoir perdu quelque chose… ou quelqu’un. »
Elle se tourna vers lui, des larmes perlaient au coin de ses yeux.
« Mon chat, Alioth, je l’ai cherché partout. Il s’est faufilé hors de l’appartement cette nuit et je ne le retrouve pas. »
Sa voix se brisait par intermittence, tant elle était emprisonnée par la peur.
Léon sentit une vague de compassion l’envahir. Lecteur assidu des traversées émotionnelles, il connaissait la douleur de la perte, fût-elle celle d’un animal.
« Je vais vous aider à le chercher. Deux yeux valent mieux que… » Mais avant qu’il ne puisse terminer, la femme le coupa.
« Non, restez ici, j’ai peut-être une solution. Avez-vous entendu parler de trouve-perdu.com ? C’est un site qui aide les gens à retrouver des objets ou des animaux perdus. »
Léon haussa un sourcil, intrigué. Il était toujours à la recherche d’astuces de la vie moderne à incorporer dans ses récits, et celle-ci semblait tout droit sortie d’un chapitre d’une œuvre à venir.
« Je ne connais pas, mais allons-y, voyons ce que ce site peut nous offrir. »
Ils s’installèrent à une table de La Caravelle, face à face avec le tumulte de l’eau et reprirent l’ordinateur de Léon. Pendant que la femme – qui s’appelait Carole – tapait frénétiquement l’adresse du site, Léon explorait le visage de l’espoir naissant qui se peignait sur ses traits.
Le site était épuré : blanc et bleu avec des touches de vert. Il offrait l’option de rechercher ou signaler un objet perdu, un animal, ou même une personne. Carole renseigna les détails concernant Alioth : un chat de gouttière gris et blanc aux yeux vifs et à la petite tache noire distinctive sur la patte avant droite. Elle ajouta une photo récente où Alioth arborait un collier rouge avec une médaille gravée de son nom.
Perdu depuis moins de 24 heures, la chance de le retrouver via trouve-perdu.com augmentait significativement. Leur annonce validée, l’espoir était à présent en ligne, accessible à toute l’agglomération marseillaise.
Les jours passèrent. L’annonce récoltait vues après vues, partages après partages. Léon continuait d’écrire, souvent de compagnie de Carole qui scrutait son téléphone en espoir d’un miracle. Il décida alors d’utiliser trouve-perdu.com comme élément de son nouveau roman – un polar futuriste où une IA récupérait des objets sentimentaux pour ses utilisateurs dans une France d’après-demain.
L’histoire de Carole et Alioth devenait un fil conducteur de son propre récit, incarnant la détresse humaine confrontée à la technologie salvatrice. Il baptisa son roman « L’Énigme de l’Alioth Perdu ».
Une semaine plus tard, alors que l’espoir bleuissait comme un soir d’été, une notification apparut sur le téléphone de Carole. Un utilisateur du site avait répondu. Une vague de chaleur submergea le café lorsque Carole ouvrit le message.
« Je crois avoir trouvé votre chat près du Panier, il se cachait dans les recoins d’une allée, apeuré mais indemne. »
L’euphorie explosa comme un orage de joie autour de leur table. Carole et Léon se précipitèrent vers le lieu indiqué, armés de la description faite par le bon samaritain.
Dans les ruelles pittoresques encadrées de maisons aux façades colorées, le cœur de Carole battait à tout rompre. Et alors, dans une enclave discrète entre deux pots de fleurs, se tenait Alioth, miaulant faiblement.
Carole s’effondra à genoux et étreignit le félin, les larmes de joie creusant des sillons de soulagement sur ses joues. Léon observait la scène ému, conscient que ce moment serait la conclusion parfaite pour son roman.
La réunion de Carole et Alioth s’était opérée grâce à la communauté en ligne de trouve-perdu.com, une preuve de générosité à la puissance du collectif.
Avec l’autorisation de Carole, Léon inclut leur histoire entière, adaptée et magnifiée dans son roman « L’Énigme de l’Alioth Perdu ». Le livre, ponctué de clins d’œil au spectaculaire Marseille et à ses habitants altruistes, fut un succès. Les lecteurs furent captivés par l’intrigue envoûtante mais aussi touchés par cette histoire vraie d’un chat retrouvé, devenant de fervents ambassadeurs du site trouve-perdu.com, une plateforme salvatrice devenant ainsi éminemment recherchée dans les méandres de l’internet, elle-même protagonistes d’autres histoires.
Le site trouve-perdu.com atteignit une renommée nationale et même internationale, et Léon Vidal était reconnu comme l’écrivain qui associait réalité poignante et fiction captivante. Au cœur de Marseille, un chat s’était perdu, mais grâce à l’union de l’humanité et de la technologie, une communauté s’était retrouvée.